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Un rapatriement en 3 temps signifie :
Un temps pour sauver la vie de la personne
Un temps pour sauver l’habitation de l’assuré
Un temps pour sauver le véhicule de l’assuré
Pour ce qui concerne ma personne, il y a également eu 3 temps :
Un premier jusqu’à l’hôpital de brousse
Le second jusqu’à la meilleure clinique d’Afrique
Le dernier jusqu’à mon hôpital Suisse.
Entre ces trois, l’hôpital de brousse (en ville quand-même, c’est une manière de parler), mais disons que lorsque l’ambulance est venue me chercher chez Rachid, je croyais être sorti d’affaire, le toubib Suisse comme mon assurance rapatriement s’étaient montrés très rassurants : «Ne prenez que le strict nécessaire, ça sera rapide, dès à présent on s’occupe de tout.»
… - mais il n’y a pas de caravanes en Afrique, comment ils vont faire pour… ?
- Ne vous inquiétez pas, nous avons un partenaire transporteur professionnel sur place qui s’occupera d’acheminer tout votre bazar jusqu’en Suisse, laissez faire les pros.
Alors le strict nécessaire ?… Oui, quelques tee-shirt et chaussettes, … mais tous mes trucs de valeurs ??? Je sais que si je quitte la caravane sans mes machins, ils vont me les faucher, donc je remplis mes sacs de tout ce qui vaut cher, tous les meilleurs cigares aussi, et à la fin ça fait beaucoup de valeurs en plus du matériel photo et informatique, l’ambulance arrive chez Rachid, je pose mes sacs et je me couche en espérant me réveiller en Suisse… Non, je n’étais pas en état de pouvoir dormir, mais hop, quelques Valium, et on verra bien où on accoste.
Et on accoste à Nador, dans une polyclinique qui ne connaît pas la psychiatrie, la clinique Al Wahda.
Tout le monde a été si aimable, mais j’étais dans un tel état de décrépitude, j’aurai dû être mort et personne ne savait ce qu’était un état de détresse psychique. Une infirmière parle un peu espagnol, je lui dis que j’ai un problème, c’est dans la tête…
- Elle court me chercher de l’aspirine,... je vois qu’elle ne comprend pas, je lui dis que c’est mon cœur qui est cassé (mi corazon que esta rompio),
- hop => me voilà embarqué sur un brancard pour un électroencéphalogramme, je me laisse faire, plus la force d’expliquer, ils me collent tous les bidules sur le corps, mettent en route la machine, … merde, plus de papier, mais au jugé, au doigt mouillé ça à l’air de battre normal, en tout cas le bruit est régulier, donc le cœur va bien lui-aussi, tout à l’air en ordre, il n’a de problèmes ni dans la tête, ni dans le cœur… Mais il a quoi ce Suisse ??? Il a l’air bien mal en point mais tout fonctionne correctement !?… mystère et boule de gomme !
En désespoir de cause, je demande où je peux fumer un cigare, ça va peut-être me faire du bien ? Elle ouvre la fenêtre, je peux fumer dans la chambre, assis sur mon lit… le directeur se pointe, et le directeur ce n’est pas n’importe qui, c’est un réanimateur-anesthésiste, il parle français, il a été en France, on ne rigole plus du tout, enfin du sérieux :
- Ahhh, Monsieur fume le cigare, cubain ?
- Nicaragua !
Bref, je lui explique un peu mon affaire, et quand j’en arrive à l’épisode de la baïonnette sur la colline, il s’exclame :
- ça c’est un truc à finir droit en enfer !
- Oui, moi aussi je suis croyant, et pour les catholiques aussi, le suicide mène à l’enfer, mais vous savez, j’ai une maladie psychiatrique, ça s’appelle «troubles bipolaires»
- Oui oui, j’en ai entendu parler, je connais, j’ai été en France vous savez, … et alors ?
- Alors Dieu a sûrement une sorte de tolérance pour des gens qui souffrent comme ça et qui se suicident, vous ne croyez pas ?…
- DIRECT EN ENFER ! Et je sais de quoi je parle, j’ai fais mon pèlerinage à la Mecque il y a 3 semaines.
… donc en matière Célestes et infernales, le type ne pouvait pas être mieux informé.
- Mouais…, c’est bien ce que je croyais, mauvaise idée que cette baïonnette finalement, bon, maintenant on fait quoi ?
- Il faut aller à Casablanca !, il n’y a pas d’avion entre ici et la Suisse, vous n’êtes là qu’en transit…
Et là, c’est rude, parce que personne ne peut m’aider, mais le directeur a quand-même fait passer le mot : Le Suisse veut se flinguer, faites gaffe ! Donc lorsque je demande si je peux aller boire un café au bistrot à 8 mètres de la réception, sur le trottoir : «non non, il faut aller à la cafétéria de la clinique. Oui, pour votre sécurité»… «et elle est où la cafétéria de la clinique ?» - «sur le toit, au 5ème étage, c’est par là, l’ascenseur !»
Alors question sécurité on peut faire mieux, tout n’est pas très logique, parce que je suis dans une chambre dans les étages aussi, fenêtre ouverte, cafétéria sur le toit, faut quand-même veiller un peu sur soi-même pour ne pas faire de conneries, mais bon, j’avais promis au fiston de le revoir vivant, et question promesses, je ne suis pas un politicaille.
Heureusement que le directeur était un sage homme très logique, il m’invite à boire un verre au bistrot, on discute un peu, je lui avais demandé le code pour le wi-fi et dans la chambre il m’avait répondu : «Qu’à la réception !», mais là au bistrot, il m’avoue qu’il y a le wi-fi partout dans la clinique, mais que s’il donne le code, plus personne ne travaille, alors il faut être discret...
Mais à Nador, ça dure du 1er au 6 août, pas une ambulance pour m’amener à Casablanca, ou plutôt, le directeur doit fixer un tarif pour mon séjour et il tergiverse... Au final, il y va franchement, pas avec le dos de la cuiller, il n’a pas un Suisse tous les jours dans sa clinique : 45 francs par jour !
Mon assurance Suisse accepte, mais il faut encore qu’elle accepte le tarif de la meilleure clinique psychiatrique d’Afrique à Casablanca, Villa les Lilas, et là attention, c’est du lourd, donc ça tergiverse encore, et moi je suis à bout, même si j’ai tous mes médicaments sur ma table de nuit, à discrétion, je ne peux parler avec peronne, je n'ai pas de smartphone pour m'amuser, et téléphoniquement, ça fait un moment que j'ai grillé mon forfait du mois, même si on est au tout début du mois… Là je raconte sur un mode léger, mais c’est vraiment rude, je me rabats encore sur le fiston Raphaël par SMS qui fait des démarches, parce que le 6 août, on en est encore à :
05.08 20h57 Raph : Je t’en supplie, attend quelques heures. Tu avais dit dans un mail précédent que tu t’étais pas foutu en l’air pour pouvoir me revoir en ce monde. Tu as tenu 6 jours, fait encore en sorte de pouvoir me revoir, en Afrique il y a toujours du retard sur tout. Je t’en supplie, attend. Je t’aime tellement fort papa. Tu étais mon héro et tu l’es toujours. Fais pas de connerie. Je t’aime
06.08. 13h51 moi : On démarre enfin.
06.08. 13h56 moi : Et je pense qu’on est même pas à la moitié de mes peines, merci Raphaël, sans toi je ne serai plus de ce monde.
06.08. 14h02 Et je pense que maman comptait là-dessus, elle me hait.
06.08 22h49 raph : Je vais en profiter le plus possible, je t’aime tellement. Je prie pour toi.
06.08 22h52 raph : J’ai l’impression d’être le seul qui est là pour toi. Je pleure tout les soirs rien que d’imaginer ta situation. Je te l’ai déjà dis : Je serais toujours là.
06.08 22h52 raph : Tu es mon papa et mon héro. J’ai hâte de lire le Tome II du Grand Chaos. Je t’aime si fort.
Voilà, là je suis enfin dans l’ambulance pour Casablanca avec Mustapha, l'ambulancier qui était déjà venu me chercher chez Rachid, je traverse le pays d’est en ouest durant 9 heures, et j’arrive à : Hosannaaaaa => Clinique Villa Les Lilas, et là attention les vélos, les types sont au taquet niveau psychiatrie, même si j’arrive en pleine nuit.
Clinique high-teck, caméras partout avec détecteurs de mouvements, dans les couloirs, ascenseurs, chambres, toit-terrasse, badges, boutons pour appeler l’infirmière, bouton pour appeler la bonne femme de la bouffe, bouton pour appeler celle de la serpillière après la douche, on règle non seulement la température de la chambre au degré près, mais aussi l’hygrométrie, tant mieux pour mes cigares…
En réalité, ils sont tellement au point que quand j’arrive, c’est fouille totale et ils ne me laissent ni un lacet, ni un briquet, ni rien, tout est classé, étiqueté avec un code barre (ils sont hallucinés par les «valeurs», mais bon, je me ballade avec tout ce que je possède), et tout est rangé dans une boite, QR code sur la boite. Je me retrouve planté dans une chambre avec ma brosse à dent, 3 slips, 3 paires de chaussettes et ma bible que je n’arrive pas à lire…
Heureusement qu’on peut s’amuser avec le moniteur pour régler l’hygrométrie et la température, parce que la clinique est aveugle (vitres, puis barreau, puis petits trous pour faire joli depuis l'extérieur), mais on a vite fait le tour du bidule électronique, alors il faut que je sorte acheter des provisions pour la nuit, mais impossible de sortir et même de changer d’étage, puisqu’il faut un badge pour l’ascenseur et pour ouvrir n’importe quelle porte. Et si je m’écroulais par terre pour pleurer un coup ?
Moins d’une minute chrono en main et un infirmier est sur l’affaire : «Monsieur, il faut s’asseoir sur le lit ou sur le fauteuil» (oui, il y a les caméras et un infirmier préposé pour surveiller les 9 patients de l’étage, on ne peut pas passer inaperçu). Mais au moins, on ne peut pas se plaindre de la chambre qui est plus grande qu'une chambre double dans mon hôpital Suisse :
Photo du jour de mon départ, ils m'avaient déjà rendu mes affaires
Il n'y avait vue que sur la coure intérieure (la clinique est ronde)
Enfin bref, c’est la clinique du futur : Tu veux des provisions pour la nuit parce qu’ils donnent des médicaments qui donnent faim ? T’as le choix entre 4 supermarchés, Carrefour ? Machin ? Chose ? C’est livré dans le quart d’heure qui suit ! Alors dans ce genre de clinique, si tu veux fumer de la drogue, t’auras plus de peine à l’obtenir que dans une prison. Enfin non, t’auras pas plus de peine, tu n’y arriveras jamais, parce que même si tu donnes 1000 dollars à la bonne femme de la serpillière et qu’elle accepte de t’en emmener, t’es détecté par une caméra avant même d’avoir fini de rouler ton pétard.
C’était hallucinant, il y avait plus de personnel que de patients, et TOUT se réglait à l’intérieur de la clinique, tu ne mets pas un orteil au-dehors ! Besoin d’aller au coiffeur ? C’est le coiffeur qui vient, et pas un coiffeur de brousse, un vrai, homo qui fait la barbe, le nez et les oreilles ! J’avais aussi un problème d’addiction avec le spray nasal, si je n’en mettait pas au moins une giclée avec mon produit Suisse, eh bien une fois couché, tout se bouchait et je n’arrivais plus à respirer. Il a fallut négocier méchamment pour avoir droit à mon spray nasal interdit au Maroc, parce que là ce n’est pas comme à Nador avec tous mes médicaments sur la table de nuit, mes cigares et tout mon saint frusquin, non, là il n’y a plus rien ! Alors pour mon spray, c’est un ORL qui vient jusqu’à la clinique, pas un jeune ORL sans expérience, le gars avec carte de visite, cabinet à Casablanca ouvert au moins depuis 1830. Bref, il comprend mon problème, me l’explique et pour la première fois, je comprends de quoi il s’agit ! Il peut me régler ça en un coup de laser, mais je préfère ma méthode : diminuer jusqu’aux doses bébé, et arriver à arrêter sans opération. Et puis ils ont une politique pour tout, et c’est affiché sur les murs : 3 cafés par jour, pas de café après 16h00, et ils expliquent pourquoi. Pareil pour les cigarettes, c’est les infirmières qui distribuent et viennent allumer dans le fumoir, parce qu’on a ni droit de garder des cigarettes ni des briquets, et c’est affiché : «La consommation de cigarette est limitée à une par heure en raison de dangers pour la santé» ! Je vois ça et leur dit que mes cigares durent au moins une heure et quart pièce, … panique, ils descendent à l’administration avec ma boite de cigares parce qu’ils n’ont pas établi de politique sur les cigares…, mais elle revient et me dit que 2-3 par jour c’est ok, oufff…
Par contre, une clinique aveugle, c’est rude, et quand on ne peut ni lire, ni écrire, ni rien faire, c’est très très long, surtout lorsqu’on ne dort que 3 heures sur 24, regarder dehors aurait été une chouette idée, mais inutile…
Ici on voit ce qu'on voit depuis l'intérieur à l'extérieur du côté fumoir (à droite du personnel) : il y a d'abord une vitre, puis 20 centimètres plus loin des barreaux, puis des plaques avec des petits trous, donc on peut voir l'extérieur par bribes puisque l'oeil ne peut pas aller plus loin que les barreau, et ensuite il faut faire une recontruction mentale des petits bouts extérieurs pour refaire le puzzle.
Quand au personnel, il n'y a rien à y redire, ils sont tellement attentionnés et gentils qu'on dirait que c'est nos employés, ... mais pour certains patients marocains, vu le prix qu'ils payent, ça semble être le cas. En plus ils ont le wi-fi mais bossent quand-même, c'est à souligner parce que ça contredit l'oracle de Nador
Ceci dit, au bout d'un moment à faire des aller-retour dans le couloir on cherche quand-même une issue de sortie :
- Avec quoi on pourrait se foutre en l’air dans une clinique pareille ? Il n’y a même pas de miroirs, des coins de fenêtres ? Ça va faire plus de mal que de mort…, j’ai même dis au Professeur Rubilla : «Votre clinique est désespérante pour qui n’a pas foi en Dieu, le truc le plus dangereux qu’on peut avoir sous la main est la brosse à chiotte, le manche en plastique un peu pointu, on pourrait se le ficher dans un œil, et si on enfonce bien, on pourrait arriver à se rendre maboul.»
C’était réellement le truc le plus dangereux auquel on pouvait avoir accès, genre de truc qu’un suicidaire remarque, … mais sûr qu’ils les ont changé pour des plus arrondies après mon explication. Parce que la fierté de la clinique, c’est qu’elle est garantie zéro suicide, ça change de la Suisse où ils font même venir du personnel médical pour aider à se suicider dans les hôpitaux et les maisons de vieux.
Le Professeur Rubilla ce n’est pas n’importe qui, il a fait ses études à Paris, doit avoir la mi-trentaine, est beau comme Apollon, tout le monde s’applaventre quand il passe. Il me dit qu’en Afrique, ils n’ont pas le même rapport à la souffrance qu’en Europe, parce que chez eux, tant qu’il n’y a pas de sang, c’est que ce n’est pas grave. Bon, ceci dit lui il est au point, il sait, il voit que je souffre, il m’a fait un test de dépistage le 8 août, et j’avais encore tellement de THC dans le sang qu’il m’a dit que j’avais encore fumé du hash à l’hôpital de Nador => impossible que j’ai arrêté à Lourdes le 20 juillet ! Donc je souffre, je ne dors presque pas, mais c’est comme ça, j’avais qu’à pas fumer ! Par contre, lorsqu’il refait le test le 13 août et que je suis toujours au même niveau sur son échelle THC, là il doute et veux bien croire que j’ai pu arrêter à Lourdes… après 35 ans de fumage intensif, la décrue se fait très très lentement...
Et le 15 août arrive l’heureuse surprise du professeur Rubilla : Votre médecin Suisse accompagné d’un infirmier viennent ce soir, et demain vous rentrez chez vous !
Et attention, parce que là on va faire un bond qualitatif impressionnant :
Polyclinique de Nador : 45 francs par jour
Clinique Les Lilas Casablanca : 225 francs par jour
Hôpital de Malévoz en Suisse : 800 francs par jour
Au premier abord, le prix rassure, mais si on regarde les choses sous un autre angle, à Nador, c’est la brousse, la pauvreté, il n’y a pas de malades psychiques, les quelques psychiatres de ville ne sont pas vraiment fait pour des malades, plutôt pour des gens compliqués, pas de suicide parce que ça mène droit en enfer. A Casablanca c’est la grande ville, les richesses par-ci par-là, et médicalement ils sont au point, ça se voit de visu et de bourse, le truc de l’enfer est déjà un peu plus flou. ça ne se suicide pas non plus, mais faut déjà prendre quelques précautions, parce qu’il existe des malades psychiques. Alors en Suisse on est au-delà de ça, les richesses, les jolies voitures, les médicaments que le Professeur Rubilla se plaignait qu’ils ne peuvent pas avoir accès ni au Maroc, ni même à Casablanca parce que ça vient de sortir et que l’Afrique est en queue de peloton au niveau des distributions ? Eh bien en Suisse on y a accès direct, les dernières molécules que le Professeur Marbré a imaginé, que les physiciens nucléaires du CERN ont conceptualisés (oui oui, en les propulsant tout ça dans l’accélérateur de particules), et que le biochimiste a fabriqués à Bâle ? – C’est en Suisse que ça se fait !
Le problème, c’est que par rapport à Nador où la maladie psychique n’existe pas, eh bien en Suisse ça court les rues, tout le monde a un médecin généraliste et un psy ! ...et quelques spécialistes accessoires pour des maladies réelles qui existent quand-même encore un peu.
M’enfin, … pour ce qui me concerne : OUFFF, j’arrive enfin dans une clinique où les infirmiers ont le wifi (le directeur de Nador avait vu juste sur ce coup), dans une clinique où on peut sortir au coiffeur ou acheter ce qu’on veut, où on peut prendre n’importe quelle drogue (c’est théoriquement interdit, mais va expliquer ça au malade psychique en crise qui est complètement accroc, ça lui fait une belle jambe…), tandis que pour l’enfer on est aussi vachement au point, parce que là où à Casablanca ils sont encore un peu dans le flou et préfèrent l’éviter à tout prix, en Suisse on organise le suicide industriellement, et ça rapporte ! (hé, on est pas en Suisse pour rien).
Mine de rien, cette histoire de l’enfer, c’est quand-même l’histoire qui m’a sauvé la mise à 2 reprises au moins, je l’aurai fait si je ne m’étais pas dit : «Putain de vie, il faut que ça s’arrête, … mais si ça s’arrête et que je me retrouve dans un état encore pire que celui-ci, … et définitivement, quelle merde, je peux pas le faire, je risque trop !???» Donc l’enfer m’a été utile en 1993 et 1998, et ensuite, les médecins Suisse m’ont rassuré sur cette affaire, on a une bonne excuse, pas de soucis avec ça, mais faut pas le faire quand-même, c'est mal, ...à moins de vouloir le faire dans la dignité = Payer un couillon qui le fasse à ta place !
Après coup, je me dis que le psy le plus sûr de tous était encore le directeur anesthésiste de Nador. Juste pour ça, et si on rajoute le truc du wi-fi, on pourrait le qualifier d'Océan de Sagesse.
Les Suisses se plaignent de la flambée des primes des caisses de santé, c’est LE sujet du mois d’octobre : l’augmentation des primes des caisses maladies…, parce que ça augmente tous les ans, on en est à bientôt l’équivalent de 1000 dollars par personne et par mois à Genève (à Genève, ... parce qu'à Schwytz, où il n'y a que de solides montagnards, c'est le tiers).
Mais pourquoi ça augmente comme ça ? Disons… en 1990, quand j’ai commencé à payer mes primes obligatoires, on soignait déjà toutes les maladies réelles comme la grippe, la tuberculose, la lèpre, le choléra, tout le bordel, et les trithérapies contre le Sida coûtaient bien plus cher dans les années 90 qu’aujourd’hui, alors pourquoi en 1995, on payait la moitié moins cher qu’aujourd’hui, tout en sachant qu’on soigne les mêmes maladies qu’à l’époque et que les caisses maladies n’ont pas le droit d’avoir plus d’un an de prime d’avance en réserve ?
Parce qu’on a inventé tout un tas de maladies qui n’existaient pas à l’époque !
Je me souviens quand je bossais au syndicat chrétien, ça devait être au milieu des années 90, vu qu'on est censé défendre les travailleurs, on nous explique le burn-out ! Qu’est-ça-quo ??? Cancer des burnes ?
- Non, c’est tout nouveau, ça vient de sortir, le burn-out, ça vient des états-unis d’Amérique, c’est du sérieux, ils ont fait des études…, et ça donne droit à une incapacité de travail.
- Sans déconner ???... mais encore ? Ce burn-out, il consiste en quoi pour que des toubibs puissent arrêter des types pour ça ?
– Burn-Out, … épuisement professionnel ! Carrément ! …
- Ahhh oui, je connais, mon père a un boulot prenant, 6 gamins, et après avoir construit la maison il était au bout du rouleau, il est parti 2 semaines aux îles Canaries, s’est refait une santé et ça n’y paraissait plus !
- Non non, le burn-out c’est plus sérieux que ça, faut 2 ans pour s’en remettre.
- Diantre !
Donc en définitive, les types n’ont aucune maladie psychique, ils sont épuisés professionnellement, on les arrête pour burn-out, et ensuite ils sont épuisés par leur docteur, leur bonne femme et leurs gosses, puis ils finissent par être fatigués à ne rien faire, puis fatigué de la vie tout court parce qu’ils se sentent indignes et ne voient plus de sens à leur vie… Alors quand on en arrive là, on leur organise le droit à mourir dans la dignité et on leur expédie les professionnels de santé qui vont les aider à rester quand-même dignes jusqu’au bout ! C'est le progrès.
Avec ces conneries, les primes maladies passent de 180 francs par mois à 500 en 30 ans, on rouspète chaque année contre l’augmentation, on devient de plus en plus malades, on industrialise les suicides parce que ça coûte quand-même un peu moins cher de sécher les types direct plutôt que de les payer à rien foutre, et tout le monde se demande ce qu’on soigne de si important de plus à 500 balles par mois en 2024 par rapport à 1994 ?
- RIEN ! On a créé tout un tas de maladies, tout un tas thérapies, tout un tas de molécules, tout un tas de docteurs, tout un tas de nouvelles médecines : Chinoises, japonaises, tibétaine, (quand c’est oriental ça passe), de Tombouctou (là on est à la limite), juives (ah non, ça c’était déjà fait, c'est Freud qui a inventé le concept et big-pharma qui a prit la relève, ils sont dans le coup depuis le début), bref, faut bien faire tourner le business non ?
Et à Nador alors me diriez vous ? Ils en sont où ?
- Eh bien à Nador ils ont du retard, ils ne connaissent peut-être pas encore le burn-out ni les bipolaires ni les border-line, mais ça va venir, ils ont juste du retard et ne savent pas encore ce qu’ils perdent, mais d’ici quelques décennies ça ira mieux chez eux aussi.
Non, je déconne, parce que la psychiatrie c’est vraiment un sujet difficile à traiter, comme le disait Freud à Jung en arrivant à New-York : «Ils croient qu’on vient leur apporter la paix alors qu’on vient leur apporter la peste !», bref, c’est de la merde en paquet. Pour vous dire jusqu’où ça va : Dans ma propre famille, sur 6 personnes, les 2 qui sont atteints par un réel trouble psychique ne veulent plus voir de psys à un kilomètre à la ronde, les 4 qui n’ont pas de troubles psychiques ont tous un psy attitré ! Lorsque j'ai créé ce site en août, j'étais prudent par rapport à la psychiatrie, je me disais qu'il ne fallait pas jeter le bébé avec l'eau du bain, mais j'étais en hôpital psychiatrique, encore sous influence, mais aujourd'hui, je pense qu'il faut tout jeter : l'eau, le bébé, la baignoire par la fenêtre, savonnette comprise. Parce qu'avant Freud, il y avait déjà des malades, des vrais, et à l'époque, même s'ils n'avaient pas de molécules, ils savaient comment s'en occuper, aujourd'hui ils ne savent plus. J'en fais d'ailleurs une chronique sur mon hôpital Suisse, de sa splendeur au 20ème siècle à sa chute aujourd'hui : "L'hôpital du bon Docteur transformé en hosto de la muerte !"
Parce qu’il faut quand-même l’avouer, d’un côté, on dirait qu’il y a des vrais maladies avec des catégories plutôt bien définies depuis très longtemps (une centaine d’années), mais même avec ça, le psy sait quand même qu’il est un charlatan. J’en ai fait l’expérience : J’ai un trouble bipolaire, et attention, pas au 8ème degré (oui, ils sont tellement au point qu’ils ont tout classé en degrés, genre : "j'ai le choléra, mais au 5ème degré, ça va encore..."), donc moi je suis au premier degré, avec troubles mixtes, psychose prédominante, comme le disait mon premier vieux psy : «Ce qui est chouette avec vous, c’est que ce qu’on apprend à l’école, vous le vivez réellement !», un cas d’école quoi, ce qui au premier abord à l'air rassurant, puisque bien identifié. Bon, à l’époque ça s’appelait une psychose maniaco-dépressive (les définitions évoluent parce qu’ils sont réellement de plus en plus au point), bref, les psys prescrivent des molécules, ils ne savent pas vraiment ce que ça fait, mais ils ont lu la notice, ont étudié les études sur 1000 patients, … et 1000 autres sous placebo, ils connaissent bien tout ça. Mais si tout à coup, comme l’année passée, je fais des crises d’épilepsie, et que le neurologue donne son diagnostic => Crises d’épilepsie dues à telle molécule neuroleptique, eh bien plus un seul psy ne tousse et ne va oser prescrire ladite molécule, même si je sais que ce n’est pas à ça qui a provoqué cette épilepsie (je connais la molécule, ça fait 25 ans que j’en prend de temps en temps sans aucun soucis). Mais le neurologue, c’est quand-même un toubib qui travaille dans du dur, des vraies maladies, tandis que les psy se noient ou barbottent dans toutes ces psychés, donc il faut se lever de bonne heure pour être au point (pour dire, ça fait 80 ans qu’ils balancent des électrochocs dans le cerveau sans réellement savoir comment ça fonctionne par là-dedans). Bref, je traîne un dossier médical où on voit que cette molécule m’a été prescrite à chaque fois que j’en avais besoin durant 25 ans sans aucun problème, et là, l’oracle a dit, alors c’est cuit, plus un psy ne me prescrit cette molécule plutôt bienfaisante (par rapport à la plupart des autres), donc je demande à une psychologue si le neurologue c’est réellement Dieu ?
Étonnée, elle me demande pourquoi, j’explique le cas, et elle me répond : «Ah oui, c’est clair que si un neurologue pointe du doigt une molécule, un psy ne va pas contredire». Donc les gars ont un diplôme de médecine, mais ils savent qu’ils ne gravitent pas du tout à la même altitude que ceux qui bossent sur des trucs réels. Pour ces crises d’épilepsies, après un bref constat du neurologue dans un hôpital normal, ils m’ont expédiés à l’asile psychiatrique (ben oui, quand on a un dossier psy, c’est à chaque fois là qu’on fini, faut pas se casser une jambe...). J’ai donc profité des 24 heures de congé de l’asile pour me gaver de cette molécule, noter les prises, les doses, les heures, et de retour à l’asile, … eh bien j’avais pris le machin à haute dose sans faire de crises d’épilepsie ??? Extraordinaire !, on peut continuer à prescrire à Monsieur Vuignier ce médicament qui l’aidait tant !
C’est de la Quétiapine, un anti-psychotique, si le délire est trop prégnant et si les idées tournent trop vite ça calme, ça ralenti et ça aide, mais je n’en fais pas publicité, parce qu’au lieu de le prescrire pendant les temps de crises d’accélération où ce médicament est réellement utile sur 10-15 jours, les psys vont vouloir l’introduire de façon définitive, genre : traitement de fond… et ça va provoquer de méchants effets secondaires en plus de la faim, mais tant pis pour les effets secondaire, le business avant tout !
Alors pour terminer sur ce rapatriement, je m’auto-médic à Nador, ils m’interdisent quasi tout à Casablanca parce qu’ils sont hyper suspicieux sur les benzodiazépines (c’est le mal). Une infirmière avait eu trop pitié de moi un jour et m’avait proposé un valium, je l’ai pris, ça m’a détendu un peu, mais le soir au moment du coucher… : il est où mon valium ???
- Ben vous l’avez prit à 15 heures…
- Et vous avez quoi en boutique à la place ?
- Des neuroleptiques !
Oui, ils soignent les insomnies à coup de neuroleptiques et antipsychotiques parce que c’est mieux. Ma grand-mère a prit du Valium durant 50 ans, ça fait 33 ans que j’en prends, et ça va, tandis que ces neuroleptiques vont faire advenir une génération entière de types mal fichus ou suicidés à causes des effets secondaires. Mais bon, les labos ont fait des tests sur 3 semaines et s’il n’y a pas les effets secondaires sur la notice ou sur le groupe des 1000 sans placebo, c’est qu’il n’y en a pas. Circulez, y'a rien à voir.
Bref, question benzodiazépines, ça redevient un peu open-bar en Suisse, parce que j’avais essayé un «nouveau» neuroleptique à Casa (que je ne connaissais pas encore), et qui donnait les même effets secondaires que d’habitude (on crève de faim tout le temps), en Suisse ils m’ont encore changé 2 fois avant que je dise : «On arrête là, 26 ans de psys et de médicaments, ça suffit comme ça, j’ai fait le tour de la question».
En réalité, ma femme m’a viré en me disant d’aller me soigner, j’ai été partout, chez toutes sortes de toubibs, chez des curés, à Lourdes, à Nador, à Casa, puis retour dans mon hôpital Suisse, et là, je sais que le dernier secours qui me reste pour me soigner, c’est Dieu.
Et c’est vraiment mon dernier recours, je ne crois plus ni aux toubibs parce que je vois bien qu’ils n’y croient pas eux-mêmes. Je connais des patients depuis des dizaines d’années, et tous ceux qui ont été obéissants et disciplinés sur leur traitement sont dans un état pire qu’au début. Je le vois bien, et les toubibs doivent bien le voir aussi, et s’ils n’ont pas les yeux en face des trous, leur état est décrit dans leurs rapports, il suffit de lire les rapports d’il y a 10 ans sur tel et tel patient pour se rendre compte que leur discipline part à veau l’eau, alors quand je reviens d’Afrique la queue entre les jambes, il ne me reste vraiment plus que Dieu !
Et ils voient que je ne les crois plus, donc ils me foutent la paix, et c’est tant mieux, parce que pour moi, un hôpital psy en Suisse correspond exactement à 3 repas par jour et des patients qui essaient d’aider d’autres patients. Ils ont aussi cette latitude que d’autres n’ont pas sur les médicaments, même s’il faut rester un peu dans le cadre, donc benzos ok, et ça fait un peu de bien. Mais si ça sort du cadre, dans le genre que je suis vraiment trop déprimé et que je sais quel médicament peut m’aider à aller mieux (j’avais une année de bonne humeur en stock dans la caravane, mais je n’osais pas les prendre à cause d’effets secondaires tardifs), eh bien ils veulent bien te donner la molécule de la bonne humeur mais en échange il faut accepter de prendre une merde parce qu’ils ont appris à l’école qu’on ne peut pas donner celui qui donne la bonne humeur sans donner en même temps la merde.
Donc je refuse et je m’en remets à Dieu.
Pendant tout ce temps là, ils rapatrient aussi ma voiture et ma caravane. Vous vous souvenez ?
- A partir de maintenant, on s’occupe de tout, l’ambulance vient vous chercher et pour le reste, laissez-faire les pros !
Alors il a bien fallut s’occuper des pros, par téléphone, par e-mail, par SMS, par pigeon voyageur..., et malgré toutes mes indications, ils ont massacré ma caravane à un point tel qu’au moment où j’écris, 3 décembre, le concessionnaire n’a pas encore fini la réparation… et elle a été prise en charge le 7 août. Encore ce soir, j’ai dû envoyer un e-mail à l’assurance véhicule parce que si le prestataire marocain de l’assurance Suisse n’avait aucune idée de comment manœuvrer une caravane, et que c’est pour ça qu’il l’a cassée, eh bien il a dit qu’elle était déjà dans cet état lorsqu’il l’a prise en charge, alors l’assurance véhicule veut me faire payer les dégâts. J’ai les photos de l’état de la caravane chez Rachid, Rachid a filmé lorsqu’ils me bousillaient la caravane, mais c’est pas eux, c’était déjà comme ça quand ils sont arrivés...
La voiture aussi, parce qu’au lieu de faire faire un 180 C° à la caravane à bras, ils ont essayé de le faire faire avec la voiture accrochée au bout, c’est ce qui a cassé le timon contre le pare-choc, donc voiture aussi un peu endommagée…, mais bon, c’est que de la tôle.
Le seul truc, c’est que quand on a vécu un rapatriement pareil, eh bien on sait que si quelqu’un nous dis de ne pas nous inquiéter parce qu’il s’occupe de tout, c’est le moment de commencer à s’inquiéter sérieusement.
Eh puis tous mes machins que j’avais acheté pour faire plaisir aux africains qui auraient la chance de visiter la plus belle caravane du monde, … là je ne sais pas si c’est le prestataire ou les douaniers, mais ils se sont fait plaisir, tout fauché…, j’ai bien fait d’embarquer toutes les valeurs, parce que quand on en arrive à faucher un aiguiseur de couteau électrique, du scotch, des feutres indélébiles, toutes sortes de bidules étonnants, des tapis de sol ou des linges de bain, ou une peluche de chien Saint Bernard pour le gamin ou la buse vapeur Laura Star pour Madame, eh bien qu’est-ce qu’ils auraient fait d’un briquet Dupont ?
Pour conclure, Rachid et Fatima m'ont sauvé la vie, car s'ils n'avaient été là, je ne sais pas où j'aurai atterri, j'étais dans un tel état d'épuisement que même si j'avais trouvé un camping à Fès, je n'aurai plus eu la force de m'alimenter, Raphaël m'a aussi sauvé la vie en se mettant entre mon coeur et ma baillonette, l'hôpital de Nador et de Casablanca l'ont prolongée, et l'hôpital Suisse m'a requinqué physiquement.
Allez, je vais arrêter là de raconter ce rapatriement, parce que vu comme ça, ça a l’air plutôt négatif, mais le résultat du rapatriement est si spectaculaire que ça en a valut la peine, ce sera la rubrique suivante, N°6