Alors on va mettre au point les choses tout de suite, ici, au carnaval, on ne se déguise pas. Voilà qui est dit pour éviter l’étonnement du lecteur suite au visionnage des images, on y va comme ça :

Certes, le carnaval de Rio est le plus connu, mais il s’agit d’écoles de Samba qui font ensuite payer entre 60 et 500 dollars si vous vous installez dans les tribunes entre les secteurs 1 et 11, tandis que si vous voulez une loge en bord de la place de l’apothéose dans les secteurs 12 et 13, vous en serez quittes pour lâcher plus de 10’000 dollars, alors avec ça oui, les écoles de Samba ont les moyens de confectionner de beaux costumes, chars et compagnie, tandis que le public n’est pas déguisé non plus…
Donc ici à NS do Ouro, ce n’est pas non plus déguisé, les gens n’ont pas 100 ou 300 francs pour changer de costume chaque année comme en Suisse, alors ils mettent leurs beaux habits de sortie et viennent voir le show ! Et le show est bon, parce qu'ils ont une réputation à tenir : ils font le meilleur caranaval de la région et les gens viennent ici de toutes les villes avoisinantes, tandis que pour le show, ils n'ont pas fait venir des chanteurs de Vittoria da Conquista, qui est pourtant la grande ville d'un demi million d'habitants et la plus utile pour tout le monde. A Vittoria da Conquista, il y a toutes les administrations et en général, personne ne va jusqu'à Salvador, Izac n'y a jamais mit les pieds, faut vraiment avoir envie d'aller dans un consulat étranger pour pousser jusqu'à Salvador, et personne n'a besoin d'aller dans un consulat étranger ici. Mais pour le caranaval de NS do Ouro, ils ont fait venir des vedettes brésiliennes depuis Salvador et même de plus loin, oui oui, les 20 kilomètres de piste en terre dans leur beau bus, et ils sont venus, chapeau !
Alors j'ai fait comme tout le monde, j'ai mis des habits de sortie, mais le premier soir, en souvenir de la cuite qu’a pris papa à la caïpirinha dans le bar de Deo, j’y suis allé, et Deo m’a cuit le premier soir !



J'ai quand-même fait quelques photos...

















Du coup, quand c'est des vedettes, les gens peuvent donner leur smartphone sur la scène, et la vedette se fait un selfie avec les gens derrière,

puis il rend le smartphone au propriétaire...




Donc j’y suis retourné le lendemain, et fort de mon expérience de la veille, j’ai voulu vérifier un point sociologique… Al Capone disait que si on demandait les choses poliment, on était presque sûr de les obtenir, mais que pour être sûr à 100 %, mieux valait le demander poliment avec un pistolet à la main.
Alors non, je n’ai pas de pistolet à la main, mais un appareil photo fantastique, le meilleur du monde, celui qui fait les photos officielles des présidents dos Estados Unidos do América depuis Obama, le Canon EOS 6D, ... mouais, ...ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais quand on rajoute sur l’appareil le petit bidule qui clignote en rouge, et qu’on y joint un fil qui se tortille comme les anciens fils de téléphone, eh bien ça en impose, il n’y en a pas de comme ça ici. J’aime bien acheter les trucs les meilleurs du monde, je ne pense pas au prix mais je pense que si je joue sur l’économie eh bien si le machin n’est pas assez bon par la suite, je risque de regretter d'avoir voulu mégotter sur quelques francs à l’époque de l’achat, alors pour éviter tout risques de regrets, j’achète le meilleur du monde sans trop me poser de questions si j'en ai les moyens, et là je les avais. Alors le lendemain j'ai réglé la sensibilité du capteur sur 5000 ISO, ça ne vous dit peut-être rien, mais en général, en journée avec luminosité normale les capteurs percutent à 100 ISO de sensibilité, tandis que si vous poussez votre smartphone à 1000 ISO, vous allez avoir du bruit électronique (de la neige). Sur mon appareil, je peux pousser jusqu'à 25'600 ISO, ça conviendra pour une carte postale, mais pour un poster, on verra le bruit électronique. Ceci dit, vu les conditions de nuit et de faible illumination, 5000 ISO était un bon compromis (oui, vous vous en foutez parce que la seule chose qui vous intéresse c'est que les photos soient bonnes, mais c'est mon site alors j'explique). Ainsi équipé, me voilà transformé en Tintin le reporter, lâché au milieu de la foule du carnaval de Nossa Senora do Ouro, et quel succès !
Il faut aussi des accessoires personnel comme le chapeau Panama, parce qu’ici, un chapeau de paille ça fait bouseux, vieux, campagnard, genre le type qui sort de sa rossa, mais si on sait bien le porter, eh bien on se retrouve être le seul type sur une place qui compte des milliers de gens sans chapeau ou avec des casquettes, ou alors quelques vieux avec leur chapeau du dimanche en cuir. En gros, pour imposer un peu le respect ou la sympathie, quand on vient de nulle part, il faut se démarquer un peu, et à partir de là, on peut faire ce qu’on veut.
Par exemple, pour cet événement s'est pointée dans notre village la police fédérale et militaire, des autorités, genre de personnes que j’ai intérêt d’éviter si je ne veux pas me faire contrôler et expulser du pays, parce que depuis le 5 février, je suis au Brésil comme immigrant clandestin, mon visa a expiré et je n’ai eu aucun moyen de le prolonger ou le transformer en visa de résidence.
Alors lorsque je vois que la police militaire a 3 estrades autour de la place et qu’ils ont l’air de se laisser un peu aller à révasser :

Je leur demande de se mettre au garde à vous,... et ils se mettent au garde à vous.

Non, en réalité je leur demande simplement si je peux faire une photo, et ils voient bien qu'en matière photographique, je ne dois pas être le couillon qui sort de nulle part avec un smartphone, il y a même une petite lumière qui clignote dessus, ça va sûrement passer dans un journal ! Donc là ils ont tout à coup l'air plus concentrés, non ? Bon, et ensuite je peux aussi leur demander s'il ne veulent pas aller patrouiller un peu, histoire que je profite de leur estrade pour faire quelques photos, et ils y vont…

Donc s'il faut faire des contrôles, je serai le dernier type qu'ils penseront à contrôler puisque le plus visible de la place. En attendant, je fais quelques photos depuis leur estrade de la foule et de la police militaire qui patrouille au milieu...

Voilà ce qu'on peut faire quand on se ballade avec le meilleur appareil photo du monde muni d'un bidule dessus qui clignote en rouge. Le bidule c'est un infrarouge qui ne sert que lorsque je fais des photos avec la télécommande, mais même si je n'avais pas pris ni la télécommande ni le trépied c'est très important qu'il clignote, si important que j'avais plus de pilles (donc il ne clignotait plus), alors j'en ai demandé à Vera et elle m'en a donné pour que ça clignote toute la soirée, c'est très important dans la nuit, ça attire l'attention, ça fait sérieux.
Par exemple si je vois une dame avec les plus longs cheveux que je n'ai jamais vu, qu'elle est accompagnée de son mari, et que j'ai quand-même trop envie de jouer un peu avec des cheveux pareils, eh bien je peux le faire et le mari ne va pas me prendre en grippe grace au bidule qui clignotte !

J'y vais, je lui demande de prendre son gamin dans les bras, j'embrasse tous ses cheveux d'une seule brassée, je les enroule autour du petit, et tout va bien, tout le monde est content

En fin de compte, je me dis que si je pouvais aller sur la scène lors des théâtres de ma femme pour prendre des photos des acteurs depuis les rideaux, il n'y a pas de raisons que je ne puisse aller sur la scène prendre des photos des vedettes brésiliennes. Donc j'y vais, un sécu hésite un peu à me laisser passer parce que les sécus c'est un peu comme les militaires, ils ont reçu des consignes, mais quand la manager voit mon appareillage et le clignotement, elle rabroue le sécuritas et me fait monter, elle m'accompagne jusque sur la scène. Il y a un plastique jaune pour créer une sorte de barrière derrière laquelle ont le droit d'aller 3-4 VIP (ou fils de VIP) qui ont payé pour que le spectacle ait lieu, alors je reste modeste et me positionne au même niveau qu'eux...

... mais elle me dit d'aller sur la scène, devant la barrière jaune


Elle pousse même le guitariste pour que je puisse évoluer plus à mon aise...






Voilà, donc à partir du moment où tout le monde m'a vu sur la scène à côté du chanteur, je ne suis plus du tout un immigré clandestin au Brésil, je deviens le photographe officiel du carnaval de Nossa Senora do Ouro un point c'est tout...

C'est tous de bonnes gens qui se font plaisir, et que j'ai plaisir à photographier aussi...

La technique au fond, comme au théâtre

Mon maçon Nadin avec sa femme, désolé pour le flou, il était vraiment trop dans l'obscurité...
Antonio, le patron de l'entreprise de matériaux de construction qui m'a tout vendu à bon compte avec sa femme
Mon nouveau voisin le pharmacien avec sa femme qui parcours l'Europe et même la Suisse et qui me demande ce que je peux bien faire ici : la chaleur et la quiétude !

C'est organisé un peu comme à la fête chez nous, coin enfant compris




Le type qui m'avait fait perdre tout mon pognon la veille au soir parce que j'étais rond comme une bille et que je faisais jouer les enfants à ma place en me disant que des enfants innocents ne pouvaient que gagner, ben ils ont rien gagné...

Un enfant consciencieux, qui vérifie si la dose indiquée sur l'emballage correspond réellement à la dose qu'il pourra faire sortir de la bombe...

L'une des dernières 7 habitants de Riacho Fundo







Même plus peur...

Le chanteur donne tout
Des bads boys pas si méchants


Des gens qui s'auto-photographient
Le chanteur arrive au bout de son tour de chant

Alors j'avise des gentes dames

Et comme je n'aime pas m'auto-photographier, et que je n'ai ni télécommande ni trépied, je donne mon appareil à la plus jolie

Qui fera office de duo-pieds pour me montrer en galante compagnie


Alors comme le chanteur suivant a l'air encore plus fameux que le précédent

J'invite celle qui a m'a fait office de duo-pieds à monter sur scène avec moi, j'ai besoin d'une jolie fille pour l'esthétique de la photo, et il n'y a aucune raison qui m'empêcherait d'inviter quelqu'un sur la scène. Mais voilà, les gens de la campagne, même si jolie, même si blonde, eh bien timide, alors tant pis pour toi, j'y vais tout seul. Voilà la vedette de seconde partie de soirée :













Les ukrainiens m'ont repéré, un drône !

Mais à 3 heures du matin, les enfants fatiguent


Oui, celles-ci m'ont même demandé si elles devaient payer pour être prises en photo, alors comme c'était gratuit, elles ont insisté pour que j'en prenne plusieurs...






Cido et ses copains, ça tombe bien que je le voie, j'ai besoin de son pick-up pour emmener 4 lambourdes à la chapelle de Riacho Fundo pour refaire ces quelques tuiles qui sont tombées, il m'a dit que c'était tout bon !







2 des 7 dernières habitantes de Riacho Fundo...
Et là, à 4 heures du matin, elles ont vraiment très mal au pieds, elles sont là depuis avant moi qui suis arrivé à 22h00...
Et une invitation pour la Chapada da Diamantina par celle du milieu...



La vedette de la 3ème partie de soirée...





Bref, là je ne fais plus aucun cas, je me balade au milieu de la scène...



Droit derrière le chanteur et devant les musiciens, ... je fais partie du spectacle ;-)




Pour la 4ème partie de soirée, vers 04h30 du matin, je pense qu'ils ont dû mettre des chanteurs un peu plus sur le tard, genre Federer quand il ne gagnait plus de Grand Chelem, parce qu'ils ont commencé à laisser pénétrer le public sur scène, mais goute à goute, par grappe de 3-4, et pour quelques minutes sans déranger, et ça a donné direct cette file :
Alors j'ai quand-même dit à la manager de tout ce bastringue que je n'étais qu'un touriste Suisse, mais que j'ai des vachement bonnes photos, je lui ai donné mon e-mail si elle les veux, elle sait où demander

Pour conclure on va dire qu'Al Capone avait sans doute raison pour l'imédiateté, si on demande quelque chose poliment avec un pistolet en main, on est sûr de l'obtenir. Mais avec 20 policiers militaire sur la place, si j'avais demandé l'autorisation de monter sur scène poliment avec un pistolet dans la main, j'aurai sans doute pu y aller, certes Al, mais je ne serai pas resté très longtemps. En demandant poliment (et même sans demander du tout), mais avec un appareil photo Canon EOS 6D en main, eh bien on va et on vient à sa guise, donc Al Capone est dépassé sur ce coup. Mais chacun choisi, on peut mettre 1000 francs dans un IPhone et ressembler à tout le monde ou mettre 1000 francs dans un Canon et devenir Tintin le reporter du carnaval de Nossa Senora do Ouro ;-)
Ceci dit, l'appareil photo est un sauf-conduit pour presque partout, à Lourdes je pouvais aller là où il fallait des badges pour aller, je pouvais me parquer et entrer par des portes que les pélerins ne pouvaient pas, il suffisait qu'ils me voient avec mon barda par la caméra de surveillance et c'était réglé, pour divers accès aussi, mais j'admets qu'il faut tout de même être un peu culoté, si on est timide du genre qu'on ose pas pousser un peu le curé pendant un mariage, ben faut pas faire de la photo ;-)